La Prieurale de Cunault se trouve à 12km de Saumur et à 35km d’Angers, sur la rive gauche de la Loire. Construite par des moines Bénédictins du XIème au XIII siècle, la Prieurale s’élève comme un chef d’œuvre de l’art roman, impressionnante par ses dimensions, son équilibre et son caractère sacré. Grand vaisseau ancré au bord de la Loire, l’église dégage une forte impression de grandeur et de paix. Pour accentuer la profondeur les constructeurs ont utilisé la déclivité du terrain et diminué la largeur de l’édifice vers l’est.

Les origines de Notre-Dame de Cunault ont pour cadre la grande expansion monastique du haut moyen-age. Les moines du monastère de l’Her dans l’île de Noirmoutier fuyant l’envahisseur normand se replient d’abord à Saint Philibert de Grandlieu. Ce n’est pas encore assez sûr et en 836 l’abbé de Saint Martin de Tours leur offre un riche domaine à Cunault où ils entreprennent de construire un monastère. Mais les normands remontent la Loire, la communauté fuit Cunault en 862 pour se réfugier à Tournus. Au milieu du siècle suivant ils feront le chemin inverse rapportant les reliques de Saint Maxenceul, censé être le premier évangélisateur de Cunault au IV° siècle.

Domaine de l’abbaye bénédictine de Tournus, le prieuré de Cunault put entreprendre vers 1100, autour d’un clocher existant la construction de son église, grâce aux importantes libéralités faites par les comtes d’Anjou. Commencé par l’est, le chantier progressera vers l’ouest durant tout le XII° siècle par les trois travées d’entrée, marquées par une nette influence angevine.

Très appauvri par la guerre de cent ans puis pillé par les Huguenots, mal géré par le système de la commende, c’est à dire que l’abbé ne réside plus sur place, le monastère n’abritera plus que quelques moines jusqu’en 1741, année de sa suppression pure et simple. En 1749 la moitié de l’édifice, le chœur, est vendue  à un paysan qui l’utilise comme grange, et l’autre partie devint église paroissiale, l’église voisine Saint Maxenceul s’étant écroulée lors d’un ouragan.

C’est à Prosper Mérimée que revient le mérite de la restauration du bâtiment effectué entre 1842 et 1866 sous la direction de l’architecte Joly-Leterme. Les hautes puissantes colonnes sont toutes couronnées par des chapiteaux qui sont une illustration imagée et symbolique des faiblesses de l’homme et des devoirs du chrétien. Jadis l’église était entièrement peinte: quelques vestiges subsistent sur les murs. De l’important trésor de l’ancienne abbaye il ne subsiste que la chasse de Saint-Maxenceul qui date du XIII° et un chapier du XV°.